Remi Huppert
« Mes deux derniers livres Lettre à Moïse et Un trio vraiment très swing se préoccupent d’origines, d’identité, de relation. Ils sont à l’image de mon travail littéraire. Il n’existe pas de route directe dans mes romans, le voyage traduit une recherche constante d'identité. Mes personnages se déplacent sans cesse, jamais en paix, tentant de comprendre d’où ils viennent. Toutefois, leur vie de nomades est circulaire, ils reviennent à leur place pour transmettre une sagesse nourrie d’expérience. L'écriture reflète cette quête. Voilà pourquoi j'ai décidé d'écrire il y a quarante ans, ne trouvant aucun meilleur moyen de voyager, de rechercher, de découvrir l’Autre que soi. La littérature vise cela, découvrir, comprendre, se relier. Ecrire correspond à mon identité d’éternel vagabond qui va de-ci de-là, découvrant l’infinie variété de la nature et de la culture humaines. »
Remi Huppert, né à Paris en 1946, a écrit de nombreux essais et romans, dont L’Ombre de Laure, Le voyage à Leningrad, Mourir à Grenade, Le Cygne de Saigon, Destin d’un Juif de Chine, Au Palais du Ciel, La Partition de l’exil, Juifs d’ailleurs (ouvrage collectif).
Francis Conte
Consacrée aux « Parisiens d’Odessa : les jeunes peintres odessites en exil à Paris entre 1905 et 1930 », cette présentation se propose d’attirer l’attention sur un phénomène exceptionnel. Il concerne un art d’avant-garde que l’on pourrait appeler « juif-odessite », au début du XX° siècle. Longtemps oublié, que ce soit en Union soviétique, en Occident ou même en Israël, ce mouvement artistique est en passe d’être ressuscité, avec ses peintres, ses sculpteurs et ses théoriciens qui étaient pour l’essentiel d’origine juive. Des chercheurs ont récemment retrouvé leurs noms et leurs traces, ensevelies au fond des mémoires, au tréfonds des archives, afin de faire connaître le travail de ces jeunes artistes. Eux-mêmes s’étaient appelés « Les Indépendants », pour avoir en général poursuivi leurs études à Paris auprès des peintres les plus novateurs, avant octobre 1917 ou après avoir fui la Russie déchirée par la guerre civile entre 1918 et 1921.
Néanmoins leur sort fut parfois tragique : nolens volens, certains repartirent en URSS où ils furent rapidement étouffés ; d’autres restèrent à Paris - la « Mecque des arts » de cette époque - où ils connurent un certain succès ; mais ce fut avant la défaite de la France en 1940, qui aboutit à l’arrestation et à la mort de plusieurs d’entre eux dans les camps d’extermination nazis. Mais bien avant ces drames, en 1919, un libraire et mécène odessite - Iakov Peremen – avait pu acheter et sauver 200 œuvres de nos avant-gardistes. Il les emmena avec lui en Israël à bord du navire « Rouslan » et nous en verrons les conséquences inouïes.
Francis Conte est Professeur émérite à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Elsa Barchmann-Menanteau
Avril 1903. Le pogrom de Kichinev suscite une indignation internationale. Les massacres et exactions perpétrés contre la population juive lors de la Pâque orthodoxe, sont dénoncés et condamnés par Jean Jaurès comme par le Président des Etats-Unis. Ces événements dramatiques conduisent alors la famille d’Elsa Barchmann-Menanteau à s’exiler. L’auteur de « Adieu Kichinev » a cherché à retrouver des traces de son passé familial au cours des premières années du XXe siècle dans la capitale de la Bessarabie, devenue Chisinau, capitale de la Moldavie.
Elsa Barchmann-Menanteau revient sur ces journées tragiques, sur la complicité des autorités, sur le courage de personnalités isolées, elle rappelle les écrits engagés de Tolstoï, Bialik, Korolenko. Entre réalité et fiction, l’auteur donne la parole à une femme émancipée, et annonce le parcours d’une famille qui a quitté l’Empire russe, s’est installée au Moyen Orient pendant un demi-siècle avant de se retrouver en France.
Simon Perego
« On n’en parlait pas », se souviennent de nombreuses personnes ayant grandi dans la France de l’après-Seconde Guerre mondiale au sein de foyers intimement marqués par les persécutions antisémites et la destruction des Juifs d’Europe. Cette difficile transmission intrafamiliale des épreuves endurées sous l’Occupation a cependant cohabité après la guerre avec un large éventail d’initiatives prises dans le monde juif pour commémorer ce que l’on n’appelait pas encore la Shoah. Et parmi ces initiatives figuraient en bonne place les cérémonies du souvenir qu’organisèrent notamment, dès l’automne 1944, des associations juives établies dans la capitale.
Simon Perego est maître de conférences en histoire contemporaine à l’INALCO (département d’études hébraïques et juives). Ses recherches portent sur les mémoires de la Shoah, les Juifs de France et la culture yiddish. Distinguée par le prix de thèse francophone en études juives (2017) et par le prix Henri Hertz de la Chancellerie des Universités de Paris (2018), sa recherche doctorale a été publiée chez Champ Vallon en 2020 sous le titre Pleurons-les. Les Juifs et la commémoration de la Shoah, 1944-1967.
Sylvie Lidgi
« Le 6 octobre 1939, Maurice prend la route à la recherche de son frère Henri, enrôlé dans l’armée polonaise. Il a 18 ans. La guerre a éclaté un mois plus tôt et Zelechow, sa ville natale près de Varsovie, est dévastée par l’armée allemande. Il part pour Brest-Litovsk avec un groupe de copains, muni d’un simple baluchon, ignorant encore l’incroyable périple qui l’attend. Le 8 mai 1945, il est dans la taïga au fin fond de la Sibérie, à plus de 11 000 km de chez lui. Que s’est-il passé entre ces deux dates ?
L’envie d’écrire l’histoire de Maurice Drumlewicz, mon père, m’est venue en janvier 2019, lorsque j’ai découvert le groupe Facebook Jewish Zelechow. David Luckowiecki, l’animateur du groupe, a le projet de faire revivre cette ville de Pologne peuplée avant-guerre d’une très large majorité de Juifs ; il m’a spontanément apporté une grande aide documentaire. »
Sylvie Drumlewicz-Lidgi est Master of Sciences du Technion de Haïfa (Institut technologique d’Israël) et Docteur en sciences sociales (IFU).
Guy Hassid & Laurent Schteiner
Le 17 novembre 2022, les comédiens Guy Hassid et Laurent Schteiner nous ont fait une lecture de textes choisis extraits des œuvres d’Isaac Babel.
« Sans l’œuvre d’Isaac Babel, l’homme-mémoire d’Odessa, la ville n’aurait sans doute pas la notoriété qui est la sienne aujourd’hui. Grâce à lui, elle a gagné ses lettres de noblesse contribuant, sans conteste, à son rayonnement ». (Isabelle Némirovski).
Francis Conte
Francis Conte a présenté, aux Amis d'Odessa, un panorama constitué de photos et surtout de dessins de presse et de caricatures pour montrer la façon dont la presse européenne a perçu l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022. L’instigateur de cette guerre injuste et brutale – le président russe V. Poutine sera ainsi présenté sous nombre de ses facettes. Sa personnalité paradoxale et son idéologie mythologisant seront ensuite analysées plus précisément face à celles du Président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Francis Conte est Professeur à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Luba Jurgenson
"Le Semeur d’yeux, Sentiers de Varlam Chalamov"
Ce livre est le fruit d’une longue expérience : celle de la lecture de Varlam Chalamov, écrivain majeur du XXe siècle qui fut aussi témoin d’une de ses réalités les plus sombres : le Goulag.
Témoignage ? Œuvre d’art ? Chalamov semble répondre par une formule fulgurante : « Ce qui devient grand dans l’art c’est ce qui, au fond, pourrait se passer d’art. »
Saisir un tel acte de création dans son émergence est l’ambition de cet ouvrage qui n’élude pas la dimension subjective des interprétations proposées. Les « clefs » offertes par Chalamov n’ouvrent pas tout, pas tout de suite. Aussi cette lecture suit-elle les sentiers tortueux par lesquels l’œuvre s’est construite. Elle épouse les détours, les va-et-vient d’une pensée à la chronologie bouleversée, au gré d’une mémoire fragmentée, censurée – celle des camps.
Et avec horreur
j’ai compris que j’étais invisible à quiconque
qu’il fallait semer des yeux
que le semeur d’yeux devait venir !
(Vélimir Khlebnikov)
Luba Jurgenson est écrivain, traductrice et Professeur des Universités (Université Paris IV).
François Noudelmann
« Les Enfants de Cadillac », un livre absolument magnifique. Une question essentielle chemine au fil du texte : l’identité d’un homme est-elle le fruit de ses choix personnels ou celle d’une généalogie ?
François Noudelmann vit à New York où il enseigne la littérature, la philosophie et dirige La Maison Française de NYU. Ancien président du Collège international de philosophie, il a également été producteur radio sur France-Culture pendant onze ans. Auteur de nombreux essais, traduits dans une douzaine de langues, il a notamment publié : Le Toucher des philosophes, Sartre, Nietzsche et Barthes au piano (Gallimard 2008, grand prix de Muses), Les Airs de famille, une philosophie des affinités (Gallimard 2012), Le Génie du mensonge (Max Milo 2015), Penser avec les oreilles (Max Milo 2019), Un Tout autre Sartre (Gallimard 2020). Il est aussi l’auteur de récits littéraires : Hors de moi(Léo Scheer 2006), Tombeaux(Cécile Defaut 2012) et Les Enfants de Cadillac (Gallimard 2021), sélectionnés pour les prix Goncourt, Femina, André Malraux et Bourse Pierre de Monaco.
Ada Shlaen
"Mon intervention sur ce site est présentée sous le titre : Du Birobidjan à Paris. Mais pour rendre compte des événements importants de ma vie, il faut introduire d’autres repères géographiques, qui éclairent mon parcours dans le temps et dans l’espace. Evidemment je ne tire aucune gloire du fait d’être native de Birobidjan, je dirais plus, pendant des années j’avais presque honte de ce lieu de naissance qui est encore aujourd’hui la capitale de la Région autonome juive, que certains définissent un peu rapidement comme La République juive de Staline et qui a été créée en Union Soviétique à la fin des années 20 du siècle dernier. Mais dans ma vie d’autres villes ont joué le rôle, peut-être même, plus important que ma ville natale. Pour ma formation Varsovie où ma famille a pu s’installer après l’« Octobre polonais » de 1956, a été un lieu très important.
Ensuite les villes natales des générations précédentes : Odessa (où ma grand-mère est née en 1888) ensuite la charmante et verdoyante Winnitza, la ville natale de ma mère, et surtout Lemberg/ Lwȯw/Lvov/Lviv qui était présent dans notre maison grâce aux récits de mon père…"
Ada Gris-Shlaen, professeur agrégé de russe.
Alan Astro
Alan Astro se penche sur des œuvres littéraires en yiddish produites en France et en Amérique latine avant, durant et après la Shoah et nous fait entendre des échos de cette langue juive chez des écrivains d’expression française et espagnole. Le lecteur rencontrera des œuvres de fiction d’auteurs immigrés de Pologne à Paris, notamment Wolf Wieviorka et Oser Warszawski, des nouvelles de Mordechai Alpersohn chroniquant la vie des colonies agricoles juives d’Argentine ainsi que certains noms familiers : Guillaume Apollinaire, Jorge Luis Borges et Élie Wiesel, qui ont tous intégré des motifs yiddish dans leur imaginaire.
Né à New York aux Etas-Unis, Alan Astro est professeur dans le département de langues modernes à l’Université Trinity de San-Antonio au Texas.
Francis Conte
Francis Conte se propose de faire revivre la mémoire de quelques femmes-artistes originaires d’Odessa. Se connaissaient-elles, l’histoire ne le dit pas. Mais par-delà leurs singularités, leurs cheminements furent parallèles. On peut en parler comme des « Parisiennes d’Odessa » car elles ont quitté leur cité natale pour partir à Paris, au tout début du XXe siècle : elles y ont poursuivi leurs études ou s’y sont réfugiées après la révolution d’octobre 1917, avant de prendre leur envol puis de tomber injustement dans l'oubli. Pour mieux les situer, c’est d’abord dans le contexte de la vaste émigration russe de cette époque que seront abordés à la fois leurs parcours et leurs œuvres par le biais d’un diaporama commenté.
Francis Conte est Professeur à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Denitza Bantcheva
Denitza Bantcheva à l'occasion de la parution de son dernier livre, Visions d'elle (éd. Do) raconte la vie et la mort tragique de sa mère, une femme remarquable dont l'indépendance d'esprit lui a valu des persécutions sous le régime communiste bulgare. C'est la première fois que Denitza Bantcheva, romancière, écrit un récit biographique. Elle évoque la différence entre ces deux genres et les problèmes qu'elle a eus à résoudre en travaillant sur Visions d'elle.
Denitza Bantcheva a publié des romans (La Traversée des Alpes, A la rigueur, Feu de sarments, aux éditions du Revif), des nouvelles, des poèmes et plusieurs textes consacrés au cinéma et aux cinéastes (René Clément, Jean-Pierre Melville : de l’œuvre à l’homme, Un florilège de Joseph Losey, Le Film noir français). Elle donne des conférences d’histoire du cinéma et fait partie du comité de rédaction de la revue Positif.
https://www.editionsdo.fr/visions-delle
200 pages - 18 euros
ISBN : 979-10-95434-31-3
Caroline Grimm
Dans son nouveau et cinquième roman Ma double vie avec Chagall, Caroline Grimm nous propose un voyage intime au cœur d’une œuvre bouleversante, un voyage dans les mystères de la vie d’un génie, un petit peintre juif russe qui érigea la beauté, la couleur et l’art en rempart contre les persécutions et les terribles drames du XXe siècle. Il est aujourd’hui un immense artiste français : Marc Chagall.
Guy Hassid
De nombreux auteurs ont mis Odessa au cœur de leurs ouvrages, ainsi :
- Nella BIELSKI : " Le Tramway d'osier "
- Anne LOESCH : " Les Couleurs d'Odessa "
- Bruno RACINE : " Le Côté d'Odessa "
- Nancy MARKHAM et Anne de LA CHAPELLE : "New Odessa"
- Michale BOGANIM et le synopsis de son film "Odessa,Odessa"
Le jeudi 3 juin 2021 les Amis d'Odessa ont reçu Guy Hassid, comédien de la troupe «Le Monde est un Théâtre» dans le cadre d'une rencontre-lecture.
Mireille Hadas-Lebel
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! » La phrase terrible que l'évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus a pour deux millénaires déterminé l'image des pharisiens comme faux dévots, alimentant ainsi la polémique anti-judaïque. Depuis seulement quelques décennies, l'exégèse chrétienne et le recours aux sources historiques anciennes, de Flavius Josèphe à la littérature rabbinique, ont permis de rendre justice à ce courant du judaïsme antique. La grande historienne de la période, Mireille Hadas-Lebel, fait le point sur ce que l'on sait et sur ce qui reste encore dans l'ombre.
Par quelles croyances et pratiques les pharisiens se distinguaient-ils des autres courants juifs ? Quelle était leur influence auprès des masses ? Les vifs débats que Jésus mène avec eux relèvent-ils d'une critique externe ou au contraire d'une controverse interne au mouvement pharisien - autrement dit, pourrait-on aller jusqu'à dire que Jésus lui-même était un pharisien ?
Mireille Hadas-Lebel est Professeur émérite de l’Université Paris Sorbonne (chaire d’histoire des religions). Elle a publié de nombreux ouvrages sur le judaïsme antique dont Flavius Josèphe, Philon d’Alexandrie, Hérode (Fayard), Massada, Hillel, Une histoire du Messie (Albin Michel), Jérusalem contre Rome (Cerf et CNRS), Rome, la Judée et les Juifs (Picard), La Révolte des Maccabées (Lemme).
David Barham
"On a cherché à travers l’anthropologie, l’histoire, la linguistique. Mais on n’a pas pensé à chercher dans la Torah. Voilà qui est fait depuis que David Barham Benhamou, ancien journaliste et enseignant à Jérusalem, a décidé de faire un gros plan sur une portion de la Genèse : la liste des 70 nations que l’on trouve à la fin de la portion de Noé.
Un scoop, retranscrit pourtant depuis plus de 3000 ans !"
David Barham Benhamou est chercheur en sciences bibliques, ancien directeur de la communauté des étudiants francophones de l'Université de Jérusalem, psychothérapeute et conférencier.
Vous pouvez vous procurer l'ouvrage de David Barham Benhamou sur le site d'Amazon
Anne Bassi
Rebecca, Raïssa, Anouchka… Trois femmes d’une même lignée, trois destins … Et un secret. Elles sont liées par ce qu’elles ont de plus intime, l’unité duelle mère-fille. Inspiré de faits réels, ce roman vous transporte de 1885 à aujourd’hui, de Kiev à Paris en passant par Berlin.
En 2017, Anouchka, la petite fille, l’avocate, affronte le silence, qui imposa son empreinte à chaque génération et reconstitue son histoire familiale à travers une enquête qu’elle mènera avec un généalogiste allemand. Elle découvrira un secret de famille enfoui depuis des décennies, une lignée mystérieuse et une transmission qui la dépasse. Un roman plein d’émotion sur le monde de nos origines, la transmission du passé et de sa mémoire.
Anne Bassi, après avoir été avocate, dirige désormais une agence de communication, Sachinka. "Le silence des Matriochkas" (Bérangel, nov. 2020) est son premier roman.
Si vous souhaitez vous procurer le livre d'Anne Bassi :
Stéphane Gödicke
"Comme tout le monde, j’ai deux grands-pères.
Un Allemand de Hambourg, un Roumain d’Akkerman.
Le premier était nazi, le second était juif. Le nazi avait la réputation d’être drôle, affable et bon vivant. Le Juif était taciturne et antipathique. A priori, tout les opposait.
Tous deux ont passé une grande partie de la guerre à Paris, sans jamais s’y croiser. Ensuite, ils ont dû fuir ou se replier. L’un a survécu, l’autre pas. Mais les choses n’arrivent pas toujours comme on les imagine : c’est le Juif qui a survécu.
D’eux, on ne savait pas grand chose. Ni comment Alex, mon grand-père juif, avait survécu. Ni comment Otto, mon grand-père allemand, avait péri, en avril 1945, si près de la fin. La mémoire de leur guerre se perdait dans le silence ou dans la mort. Des récits contradictoires circulaient. Et moi, depuis l’enfance je m’étais construit au croisement de cet écartèlement. J’étais le descendant improbable d’un Juif et d’un nazi. C’est du moins comme ça que je me racontais mon histoire. Un jour, j’ai voulu savoir qui étaient les deux hommes aux destins et aux caractères si opposés à qui je dois d'être né.
Alors j’ai démarré des recherches. Elles sont bien vite devenues une enquête."
Stéphane Gödicke
Le livre de Stéphane Gödicke Mémoires fantômes vient de paraître aux éditions Passage(s).
Vous pouvez le commander directement sur le site de l'éditeur.
Francis Conte
Parmi les nationalités qui contribuèrent le plus fortement à l’essor d’Odessa figurent les Grecs et les Juifs. C’est de concert qu’ils commencèrent à forger la fortune de la ville, en particulier grâce à leur participation active dans le commerce du blé. Puis ils s’opposèrent frontalement à partir de 1821 : concurrence commerciale, rivalités financières et oppositions confessionnelles devinrent très vives ; elles se transformèrent en escarmouches, puis en pogromes, à plusieurs reprises au cours du XIX° s.
Pour nous interroger sur le « phénomène odessite », nous « contextualiserons notre propos avant de proposer une double étude de cas : au sein des nombreuses nationalités actives à Odessa, nous préciserons ce que les Grecs et les Juifs ont apporté, grâce à leurs points communs et malgré leurs différences.
Les deux groupes ont joué un rôle majeur dans l’essor de cette grande cité portuaire. Mais, complémentaires au début, ils sont vite devenus concurrents sur le marché du blé qui fit la richesse de la ville. Cette rivalité est devenue de plus en plus violente - d’abord lors du premier pogrome de l’été 1821, puis par trois fois au milieu du XIX° s. Lorsque se déchaîna le pogrome le plus tragique – celui de 1905 – les Grecs se sont d’autant mieux modérés qu’ils avaient su réorienter leurs intérêts financiers en les faisant passer du blé à la pierre.
Francis Conte est professeur émérite à l'Université Paris-Sorbonne.
Agnès Camincher
Agnès Camincher nous emmène à quelques encablures d’Odessa, dans la cité de Belgorod-Dniestrovski, alias Akkerman. Puis, nous nous rendons dans la petite communauté de Shabo, cité vigneronne où vinrent se ressourcer Bialik et bien d’autres Odessites.
Agnès Camincher expose ensuite le projet de développement et de modernisation du Musée d'Histoire des Juifs d’Odessa, projet passionnant, de longue haleine, qui implique de nombreux acteurs à l’international, mais concerne au premier chef les Amis d’Odessa.
Agnès Camincher est diplômée en sexologie, en philosophie, en éthique de la responsabilité. Elle vit en Suisse où elle exerce, enseigne et écrit.
Guy Hassid
Par des lectures de textes d’auteurs odessites célèbres, d'Alexandre Pouchkine à Valentin Kataïev en passant par Mendele-Moïkher-Sforim, Cholem Aleïkhem, Isaac Babel et Vladimir Jabotinsky, la voix de Guy Hassid, comédien de la troupe «Le Monde est un Théâtre» nous conduit sur les sentiers littéraires d’Odessa la Juive hauts en couleur.
Marguerite Bérard
« L’histoire de mon grand-père se fond dans celle du XXe siècle. Né à Rovno, en 1903, dans une famille juive et profondément russe, il a entendu, enfant, ses parents discuter à voix basse de l’influence de Raspoutine sur la tsarine. Plus tard, il s’est battu contre les miliciens de Petlioura, est parti pour échapper aux pogroms, a construit des maisons à Tel-Aviv et s’est engagé dans l’armée française...»
Marguerite Bérard, ancienne élève de l'ENA (promotion Senghor), aujourd'hui responsable des activités en France d'un grand groupe bancaire nous présente « Le Siècle d'Assia ».
Eva Schwebel
« Je suis la fille unique d’une rescapée d’Auschwitz et d’un homme qui y a échappé par miracle. En août 1968, je me suis trouvée à Strasbourg en vacances. J’avais 17 ans. Le 21 août, l’armée du Pacte de Varsovie a envahi la Tchécoslovaquie. Ma mère m’a dit : « ne reviens pas ». Je suis restée…
Eva Schwebel, par le biais de fragments, nous conte l’histoire de ses parents, la vie dans un pays communiste, l’exil ainsi que son cheminement en France. Elle raconte comment la grande histoire se répercute sur nos vies.... »
Lorraine de Meaux
Lorraine de Meaux, agrégée et docteur en histoire, spécialiste de la Russie, présente « Les Gunzburg, banquiers, philanthropes et mécènes dans le Grand siècle russe ». Son ouvrage « rend pour la première fois aux Gunzburg la dimension qui leur revient aux côtés des grandes familles juives telles que les Ephrussi, les Camondo, les Warburg ou les Rothschild ».
Sophie Benech
Ayant passé une grande partie de son enfance à Odessa, Babel est l'auteur de plusieurs textes évoquant cette ville, et tout particulièrement des "Récits d'Odessa" qui ont immortalisé le ganster juif Bénia Krik. Sophie Benech nous dévoile la vision qu'avait Babel de sa ville, et des problèmes que peut poser la traduction du savoureux dialecte d'Odessa.
Stéphanie Emilfork-Loïk
De l'histoire intime à la grande Histoire : Histoire des Emilfork 1891 - 1912
Rencontres avec Les Amis d'Odessa
Retrouvez les vidéos des rencontres avec nos invités
Renée Poznanski
« L’attitude des français face à la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale reste l’objet de divergences entre les historiens et a même acquis ces dernières années ce que j’ai appelé une centralité interprétative et émotionnelle. En démêler les raisons et revenir aux sources pour essayer de comprendre la complexité des attitudes à diverses périodes de la guerre sera au centre de mon propos. »
Renée Poznanski (décembre 2023)
Renée Poznanski est Professeur (Emerita) au département de Politics and Government à l’Université Ben Gourion du Neguev (Israël). Parmi ses livres, Les Juifs en France pendant la Seconde guerre mondiale (1994, Hachette Littérature ; réédité en 2018, CNRS éditions avec une nouvelle Postface) ; Propagandes et Persécutions, La Résistance et le « problème juif », Fayard, 2008 a reçu le Prix (2009) Henri Hertz de la Chancellerie des Université de Paris et Drancy, Un camp en France, (avec Denis Peschanski) a été publié en 2015 (Fayard).
Remi Huppert
« Mes deux derniers livres Lettre à Moïse et Un trio vraiment très swing se préoccupent d’origines, d’identité, de relation. Ils sont à l’image de mon travail littéraire. Il n’existe pas de route directe dans mes romans, le voyage traduit une recherche constante d'identité. Mes personnages se déplacent sans cesse, jamais en paix, tentant de comprendre d’où ils viennent. Toutefois, leur vie de nomades est circulaire, ils reviennent à leur place pour transmettre une sagesse nourrie d’expérience. L'écriture reflète cette quête. Voilà pourquoi j'ai décidé d'écrire il y a quarante ans, ne trouvant aucun meilleur moyen de voyager, de rechercher, de découvrir l’Autre que soi. La littérature vise cela, découvrir, comprendre, se relier. Ecrire correspond à mon identité d’éternel vagabond qui va de-ci de-là, découvrant l’infinie variété de la nature et de la culture humaines. »
Remi Huppert, né à Paris en 1946, a écrit de nombreux essais et romans, dont L’Ombre de Laure, Le voyage à Leningrad, Mourir à Grenade, Le Cygne de Saigon, Destin d’un Juif de Chine, Au Palais du Ciel, La Partition de l’exil, Juifs d’ailleurs (ouvrage collectif).
Francis Conte
Consacrée aux « Parisiens d’Odessa : les jeunes peintres odessites en exil à Paris entre 1905 et 1930 », cette présentation se propose d’attirer l’attention sur un phénomène exceptionnel. Il concerne un art d’avant-garde que l’on pourrait appeler « juif-odessite », au début du XX° siècle. Longtemps oublié, que ce soit en Union soviétique, en Occident ou même en Israël, ce mouvement artistique est en passe d’être ressuscité, avec ses peintres, ses sculpteurs et ses théoriciens qui étaient pour l’essentiel d’origine juive. Des chercheurs ont récemment retrouvé leurs noms et leurs traces, ensevelies au fond des mémoires, au tréfonds des archives, afin de faire connaître le travail de ces jeunes artistes. Eux-mêmes s’étaient appelés « Les Indépendants », pour avoir en général poursuivi leurs études à Paris auprès des peintres les plus novateurs, avant octobre 1917 ou après avoir fui la Russie déchirée par la guerre civile entre 1918 et 1921.
Néanmoins leur sort fut parfois tragique : nolens volens, certains repartirent en URSS où ils furent rapidement étouffés ; d’autres restèrent à Paris - la « Mecque des arts » de cette époque - où ils connurent un certain succès ; mais ce fut avant la défaite de la France en 1940, qui aboutit à l’arrestation et à la mort de plusieurs d’entre eux dans les camps d’extermination nazis. Mais bien avant ces drames, en 1919, un libraire et mécène odessite - Iakov Peremen – avait pu acheter et sauver 200 œuvres de nos avant-gardistes. Il les emmena avec lui en Israël à bord du navire « Rouslan » et nous en verrons les conséquences inouïes.
Francis Conte est Professeur émérite à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Elsa Barchmann-Menanteau
Avril 1903. Le pogrom de Kichinev suscite une indignation internationale. Les massacres et exactions perpétrés contre la population juive lors de la Pâque orthodoxe, sont dénoncés et condamnés par Jean Jaurès comme par le Président des Etats-Unis. Ces événements dramatiques conduisent alors la famille d’Elsa Barchmann-Menanteau à s’exiler. L’auteur de « Adieu Kichinev » a cherché à retrouver des traces de son passé familial au cours des premières années du XXe siècle dans la capitale de la Bessarabie, devenue Chisinau, capitale de la Moldavie.
Elsa Barchmann-Menanteau revient sur ces journées tragiques, sur la complicité des autorités, sur le courage de personnalités isolées, elle rappelle les écrits engagés de Tolstoï, Bialik, Korolenko. Entre réalité et fiction, l’auteur donne la parole à une femme émancipée, et annonce le parcours d’une famille qui a quitté l’Empire russe, s’est installée au Moyen Orient pendant un demi-siècle avant de se retrouver en France.
Simon Perego
« On n’en parlait pas », se souviennent de nombreuses personnes ayant grandi dans la France de l’après-Seconde Guerre mondiale au sein de foyers intimement marqués par les persécutions antisémites et la destruction des Juifs d’Europe. Cette difficile transmission intrafamiliale des épreuves endurées sous l’Occupation a cependant cohabité après la guerre avec un large éventail d’initiatives prises dans le monde juif pour commémorer ce que l’on n’appelait pas encore la Shoah. Et parmi ces initiatives figuraient en bonne place les cérémonies du souvenir qu’organisèrent notamment, dès l’automne 1944, des associations juives établies dans la capitale.
Simon Perego est maître de conférences en histoire contemporaine à l’INALCO (département d’études hébraïques et juives). Ses recherches portent sur les mémoires de la Shoah, les Juifs de France et la culture yiddish. Distinguée par le prix de thèse francophone en études juives (2017) et par le prix Henri Hertz de la Chancellerie des Universités de Paris (2018), sa recherche doctorale a été publiée chez Champ Vallon en 2020 sous le titre Pleurons-les. Les Juifs et la commémoration de la Shoah, 1944-1967.
Sylvie Lidgi
« Le 6 octobre 1939, Maurice prend la route à la recherche de son frère Henri, enrôlé dans l’armée polonaise. Il a 18 ans. La guerre a éclaté un mois plus tôt et Zelechow, sa ville natale près de Varsovie, est dévastée par l’armée allemande. Il part pour Brest-Litovsk avec un groupe de copains, muni d’un simple baluchon, ignorant encore l’incroyable périple qui l’attend. Le 8 mai 1945, il est dans la taïga au fin fond de la Sibérie, à plus de 11 000 km de chez lui. Que s’est-il passé entre ces deux dates ?
L’envie d’écrire l’histoire de Maurice Drumlewicz, mon père, m’est venue en janvier 2019, lorsque j’ai découvert le groupe Facebook Jewish Zelechow. David Luckowiecki, l’animateur du groupe, a le projet de faire revivre cette ville de Pologne peuplée avant-guerre d’une très large majorité de Juifs ; il m’a spontanément apporté une grande aide documentaire. »
Sylvie Drumlewicz-Lidgi est Master of Sciences du Technion de Haïfa (Institut technologique d’Israël) et Docteur en sciences sociales (IFU).
Guy Hassid & Laurent Schteiner
Le 17 novembre 2022, les comédiens Guy Hassid et Laurent Schteiner nous ont fait une lecture de textes choisis extraits des œuvres d’Isaac Babel.
« Sans l’œuvre d’Isaac Babel, l’homme-mémoire d’Odessa, la ville n’aurait sans doute pas la notoriété qui est la sienne aujourd’hui. Grâce à lui, elle a gagné ses lettres de noblesse contribuant, sans conteste, à son rayonnement ». (Isabelle Némirovski).
Francis Conte
Francis Conte a présenté, aux Amis d'Odessa, un panorama constitué de photos et surtout de dessins de presse et de caricatures pour montrer la façon dont la presse européenne a perçu l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022. L’instigateur de cette guerre injuste et brutale – le président russe V. Poutine sera ainsi présenté sous nombre de ses facettes. Sa personnalité paradoxale et son idéologie mythologisant seront ensuite analysées plus précisément face à celles du Président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Francis Conte est Professeur à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Luba Jurgenson
"Le Semeur d’yeux, Sentiers de Varlam Chalamov"
Ce livre est le fruit d’une longue expérience : celle de la lecture de Varlam Chalamov, écrivain majeur du XXe siècle qui fut aussi témoin d’une de ses réalités les plus sombres : le Goulag.
Témoignage ? Œuvre d’art ? Chalamov semble répondre par une formule fulgurante : « Ce qui devient grand dans l’art c’est ce qui, au fond, pourrait se passer d’art. »
Saisir un tel acte de création dans son émergence est l’ambition de cet ouvrage qui n’élude pas la dimension subjective des interprétations proposées. Les « clefs » offertes par Chalamov n’ouvrent pas tout, pas tout de suite. Aussi cette lecture suit-elle les sentiers tortueux par lesquels l’œuvre s’est construite. Elle épouse les détours, les va-et-vient d’une pensée à la chronologie bouleversée, au gré d’une mémoire fragmentée, censurée – celle des camps.
Et avec horreur
j’ai compris que j’étais invisible à quiconque
qu’il fallait semer des yeux
que le semeur d’yeux devait venir !
(Vélimir Khlebnikov)
Luba Jurgenson est écrivain, traductrice et Professeur des Universités (Université Paris IV).
François Noudelmann
« Les Enfants de Cadillac », un livre absolument magnifique. Une question essentielle chemine au fil du texte : l’identité d’un homme est-elle le fruit de ses choix personnels ou celle d’une généalogie ?
François Noudelmann vit à New York où il enseigne la littérature, la philosophie et dirige La Maison Française de NYU. Ancien président du Collège international de philosophie, il a également été producteur radio sur France-Culture pendant onze ans. Auteur de nombreux essais, traduits dans une douzaine de langues, il a notamment publié : Le Toucher des philosophes, Sartre, Nietzsche et Barthes au piano (Gallimard 2008, grand prix de Muses), Les Airs de famille, une philosophie des affinités (Gallimard 2012), Le Génie du mensonge (Max Milo 2015), Penser avec les oreilles (Max Milo 2019), Un Tout autre Sartre (Gallimard 2020). Il est aussi l’auteur de récits littéraires : Hors de moi(Léo Scheer 2006), Tombeaux(Cécile Defaut 2012) et Les Enfants de Cadillac (Gallimard 2021), sélectionnés pour les prix Goncourt, Femina, André Malraux et Bourse Pierre de Monaco.
Ada Shlaen
"Mon intervention sur ce site est présentée sous le titre : Du Birobidjan à Paris. Mais pour rendre compte des événements importants de ma vie, il faut introduire d’autres repères géographiques, qui éclairent mon parcours dans le temps et dans l’espace. Evidemment je ne tire aucune gloire du fait d’être native de Birobidjan, je dirais plus, pendant des années j’avais presque honte de ce lieu de naissance qui est encore aujourd’hui la capitale de la Région autonome juive, que certains définissent un peu rapidement comme La République juive de Staline et qui a été créée en Union Soviétique à la fin des années 20 du siècle dernier. Mais dans ma vie d’autres villes ont joué le rôle, peut-être même, plus important que ma ville natale. Pour ma formation Varsovie où ma famille a pu s’installer après l’« Octobre polonais » de 1956, a été un lieu très important.
Ensuite les villes natales des générations précédentes : Odessa (où ma grand-mère est née en 1888) ensuite la charmante et verdoyante Winnitza, la ville natale de ma mère, et surtout Lemberg/ Lwȯw/Lvov/Lviv qui était présent dans notre maison grâce aux récits de mon père…"
Ada Gris-Shlaen, professeur agrégé de russe.
Alan Astro
Alan Astro se penche sur des œuvres littéraires en yiddish produites en France et en Amérique latine avant, durant et après la Shoah et nous fait entendre des échos de cette langue juive chez des écrivains d’expression française et espagnole. Le lecteur rencontrera des œuvres de fiction d’auteurs immigrés de Pologne à Paris, notamment Wolf Wieviorka et Oser Warszawski, des nouvelles de Mordechai Alpersohn chroniquant la vie des colonies agricoles juives d’Argentine ainsi que certains noms familiers : Guillaume Apollinaire, Jorge Luis Borges et Élie Wiesel, qui ont tous intégré des motifs yiddish dans leur imaginaire.
Né à New York aux Etas-Unis, Alan Astro est professeur dans le département de langues modernes à l’Université Trinity de San-Antonio au Texas.
Francis Conte
Francis Conte se propose de faire revivre la mémoire de quelques femmes-artistes originaires d’Odessa. Se connaissaient-elles, l’histoire ne le dit pas. Mais par-delà leurs singularités, leurs cheminements furent parallèles. On peut en parler comme des « Parisiennes d’Odessa » car elles ont quitté leur cité natale pour partir à Paris, au tout début du XXe siècle : elles y ont poursuivi leurs études ou s’y sont réfugiées après la révolution d’octobre 1917, avant de prendre leur envol puis de tomber injustement dans l'oubli. Pour mieux les situer, c’est d’abord dans le contexte de la vaste émigration russe de cette époque que seront abordés à la fois leurs parcours et leurs œuvres par le biais d’un diaporama commenté.
Francis Conte est Professeur à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).
Denitza Bantcheva
Denitza Bantcheva à l'occasion de la parution de son dernier livre, Visions d'elle (éd. Do) raconte la vie et la mort tragique de sa mère, une femme remarquable dont l'indépendance d'esprit lui a valu des persécutions sous le régime communiste bulgare. C'est la première fois que Denitza Bantcheva, romancière, écrit un récit biographique. Elle évoque la différence entre ces deux genres et les problèmes qu'elle a eus à résoudre en travaillant sur Visions d'elle.
Denitza Bantcheva a publié des romans (La Traversée des Alpes, A la rigueur, Feu de sarments, aux éditions du Revif), des nouvelles, des poèmes et plusieurs textes consacrés au cinéma et aux cinéastes (René Clément, Jean-Pierre Melville : de l’œuvre à l’homme, Un florilège de Joseph Losey, Le Film noir français). Elle donne des conférences d’histoire du cinéma et fait partie du comité de rédaction de la revue Positif.
https://www.editionsdo.fr/visions-delle
200 pages - 18 euros
ISBN : 979-10-95434-31-3
Caroline Grimm
Dans son nouveau et cinquième roman Ma double vie avec Chagall, Caroline Grimm nous propose un voyage intime au cœur d’une œuvre bouleversante, un voyage dans les mystères de la vie d’un génie, un petit peintre juif russe qui érigea la beauté, la couleur et l’art en rempart contre les persécutions et les terribles drames du XXe siècle. Il est aujourd’hui un immense artiste français : Marc Chagall.
Guy Hassid
De nombreux auteurs ont mis Odessa au cœur de leurs ouvrages, ainsi :
- Nella BIELSKI : " Le Tramway d'osier "
- Anne LOESCH : " Les Couleurs d'Odessa "
- Bruno RACINE : " Le Côté d'Odessa "
- Nancy MARKHAM et Anne de LA CHAPELLE : "New Odessa"
- Michale BOGANIM et le synopsis de son film "Odessa,Odessa"
Le jeudi 3 juin 2021 les Amis d'Odessa ont reçu Guy Hassid, comédien de la troupe «Le Monde est un Théâtre» dans le cadre d'une rencontre-lecture.
Mireille Hadas-Lebel
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! » La phrase terrible que l'évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus a pour deux millénaires déterminé l'image des pharisiens comme faux dévots, alimentant ainsi la polémique anti-judaïque. Depuis seulement quelques décennies, l'exégèse chrétienne et le recours aux sources historiques anciennes, de Flavius Josèphe à la littérature rabbinique, ont permis de rendre justice à ce courant du judaïsme antique. La grande historienne de la période, Mireille Hadas-Lebel, fait le point sur ce que l'on sait et sur ce qui reste encore dans l'ombre.
Par quelles croyances et pratiques les pharisiens se distinguaient-ils des autres courants juifs ? Quelle était leur influence auprès des masses ? Les vifs débats que Jésus mène avec eux relèvent-ils d'une critique externe ou au contraire d'une controverse interne au mouvement pharisien - autrement dit, pourrait-on aller jusqu'à dire que Jésus lui-même était un pharisien ?
Mireille Hadas-Lebel est Professeur émérite de l’Université Paris Sorbonne (chaire d’histoire des religions). Elle a publié de nombreux ouvrages sur le judaïsme antique dont Flavius Josèphe, Philon d’Alexandrie, Hérode (Fayard), Massada, Hillel, Une histoire du Messie (Albin Michel), Jérusalem contre Rome (Cerf et CNRS), Rome, la Judée et les Juifs (Picard), La Révolte des Maccabées (Lemme).
David Barham
"On a cherché à travers l’anthropologie, l’histoire, la linguistique. Mais on n’a pas pensé à chercher dans la Torah. Voilà qui est fait depuis que David Barham Benhamou, ancien journaliste et enseignant à Jérusalem, a décidé de faire un gros plan sur une portion de la Genèse : la liste des 70 nations que l’on trouve à la fin de la portion de Noé.
Un scoop, retranscrit pourtant depuis plus de 3000 ans !"
David Barham Benhamou est chercheur en sciences bibliques, ancien directeur de la communauté des étudiants francophones de l'Université de Jérusalem, psychothérapeute et conférencier.
Vous pouvez vous procurer l'ouvrage de David Barham Benhamou sur le site d'Amazon
Anne Bassi
Rebecca, Raïssa, Anouchka… Trois femmes d’une même lignée, trois destins … Et un secret. Elles sont liées par ce qu’elles ont de plus intime, l’unité duelle mère-fille. Inspiré de faits réels, ce roman vous transporte de 1885 à aujourd’hui, de Kiev à Paris en passant par Berlin.
En 2017, Anouchka, la petite fille, l’avocate, affronte le silence, qui imposa son empreinte à chaque génération et reconstitue son histoire familiale à travers une enquête qu’elle mènera avec un généalogiste allemand. Elle découvrira un secret de famille enfoui depuis des décennies, une lignée mystérieuse et une transmission qui la dépasse. Un roman plein d’émotion sur le monde de nos origines, la transmission du passé et de sa mémoire.
Anne Bassi, après avoir été avocate, dirige désormais une agence de communication, Sachinka. "Le silence des Matriochkas" (Bérangel, nov. 2020) est son premier roman.
Si vous souhaitez vous procurer le livre d'Anne Bassi :
Stéphane Gödicke
"Comme tout le monde, j’ai deux grands-pères.
Un Allemand de Hambourg, un Roumain d’Akkerman.
Le premier était nazi, le second était juif. Le nazi avait la réputation d’être drôle, affable et bon vivant. Le Juif était taciturne et antipathique. A priori, tout les opposait.
Tous deux ont passé une grande partie de la guerre à Paris, sans jamais s’y croiser. Ensuite, ils ont dû fuir ou se replier. L’un a survécu, l’autre pas. Mais les choses n’arrivent pas toujours comme on les imagine : c’est le Juif qui a survécu.
D’eux, on ne savait pas grand chose. Ni comment Alex, mon grand-père juif, avait survécu. Ni comment Otto, mon grand-père allemand, avait péri, en avril 1945, si près de la fin. La mémoire de leur guerre se perdait dans le silence ou dans la mort. Des récits contradictoires circulaient. Et moi, depuis l’enfance je m’étais construit au croisement de cet écartèlement. J’étais le descendant improbable d’un Juif et d’un nazi. C’est du moins comme ça que je me racontais mon histoire. Un jour, j’ai voulu savoir qui étaient les deux hommes aux destins et aux caractères si opposés à qui je dois d'être né.
Alors j’ai démarré des recherches. Elles sont bien vite devenues une enquête."
Stéphane Gödicke
Le livre de Stéphane Gödicke Mémoires fantômes vient de paraître aux éditions Passage(s).
Vous pouvez le commander directement sur le site de l'éditeur.
Francis Conte
Parmi les nationalités qui contribuèrent le plus fortement à l’essor d’Odessa figurent les Grecs et les Juifs. C’est de concert qu’ils commencèrent à forger la fortune de la ville, en particulier grâce à leur participation active dans le commerce du blé. Puis ils s’opposèrent frontalement à partir de 1821 : concurrence commerciale, rivalités financières et oppositions confessionnelles devinrent très vives ; elles se transformèrent en escarmouches, puis en pogromes, à plusieurs reprises au cours du XIX° s.
Pour nous interroger sur le « phénomène odessite », nous « contextualiserons notre propos avant de proposer une double étude de cas : au sein des nombreuses nationalités actives à Odessa, nous préciserons ce que les Grecs et les Juifs ont apporté, grâce à leurs points communs et malgré leurs différences.
Les deux groupes ont joué un rôle majeur dans l’essor de cette grande cité portuaire. Mais, complémentaires au début, ils sont vite devenus concurrents sur le marché du blé qui fit la richesse de la ville. Cette rivalité est devenue de plus en plus violente - d’abord lors du premier pogrome de l’été 1821, puis par trois fois au milieu du XIX° s. Lorsque se déchaîna le pogrome le plus tragique – celui de 1905 – les Grecs se sont d’autant mieux modérés qu’ils avaient su réorienter leurs intérêts financiers en les faisant passer du blé à la pierre.
Francis Conte est professeur émérite à l'Université Paris-Sorbonne.
Agnès Camincher
Agnès Camincher nous emmène à quelques encablures d’Odessa, dans la cité de Belgorod-Dniestrovski, alias Akkerman. Puis, nous nous rendons dans la petite communauté de Shabo, cité vigneronne où vinrent se ressourcer Bialik et bien d’autres Odessites.
Agnès Camincher expose ensuite le projet de développement et de modernisation du Musée d'Histoire des Juifs d’Odessa, projet passionnant, de longue haleine, qui implique de nombreux acteurs à l’international, mais concerne au premier chef les Amis d’Odessa.
Agnès Camincher est diplômée en sexologie, en philosophie, en éthique de la responsabilité. Elle vit en Suisse où elle exerce, enseigne et écrit.
Guy Hassid
Par des lectures de textes d’auteurs odessites célèbres, d'Alexandre Pouchkine à Valentin Kataïev en passant par Mendele-Moïkher-Sforim, Cholem Aleïkhem, Isaac Babel et Vladimir Jabotinsky, la voix de Guy Hassid, comédien de la troupe «Le Monde est un Théâtre» nous conduit sur les sentiers littéraires d’Odessa la Juive hauts en couleur.
Marguerite Bérard
« L’histoire de mon grand-père se fond dans celle du XXe siècle. Né à Rovno, en 1903, dans une famille juive et profondément russe, il a entendu, enfant, ses parents discuter à voix basse de l’influence de Raspoutine sur la tsarine. Plus tard, il s’est battu contre les miliciens de Petlioura, est parti pour échapper aux pogroms, a construit des maisons à Tel-Aviv et s’est engagé dans l’armée française...»
Marguerite Bérard, ancienne élève de l'ENA (promotion Senghor), aujourd'hui responsable des activités en France d'un grand groupe bancaire nous présente « Le Siècle d'Assia ».
Eva Schwebel
« Je suis la fille unique d’une rescapée d’Auschwitz et d’un homme qui y a échappé par miracle. En août 1968, je me suis trouvée à Strasbourg en vacances. J’avais 17 ans. Le 21 août, l’armée du Pacte de Varsovie a envahi la Tchécoslovaquie. Ma mère m’a dit : « ne reviens pas ». Je suis restée…
Eva Schwebel, par le biais de fragments, nous conte l’histoire de ses parents, la vie dans un pays communiste, l’exil ainsi que son cheminement en France. Elle raconte comment la grande histoire se répercute sur nos vies.... »
Lorraine de Meaux
Lorraine de Meaux, agrégée et docteur en histoire, spécialiste de la Russie, présente « Les Gunzburg, banquiers, philanthropes et mécènes dans le Grand siècle russe ». Son ouvrage « rend pour la première fois aux Gunzburg la dimension qui leur revient aux côtés des grandes familles juives telles que les Ephrussi, les Camondo, les Warburg ou les Rothschild ».
Sophie Benech
Ayant passé une grande partie de son enfance à Odessa, Babel est l'auteur de plusieurs textes évoquant cette ville, et tout particulièrement des "Récits d'Odessa" qui ont immortalisé le ganster juif Bénia Krik. Sophie Benech nous dévoile la vision qu'avait Babel de sa ville, et des problèmes que peut poser la traduction du savoureux dialecte d'Odessa.
Stéphanie Emilfork-Loïk
De l'histoire intime à la grande Histoire : Histoire des Emilfork 1891 - 1912