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Les Chemins de l’Exil

 

              

                A partir de 1881, date à laquelle le tsar Alexandre II est assassiné par des anarchistes, Odessa ne vit plus au rythme de la bienveillance. Les Juifs sont jugés, à tort, responsables du meurtre mais l’accusation même infondée, entraîne une série de pogromes sanglants.

            L’année 1881 est d’ailleurs considérée par les historiens comme un virage capital pour le judaïsme russe et l’antagonisme juif atteint son point culminant lors du pogrome de 1905 dont Odessa est le théâtre. Une scène de cet épisode tragique a été immortalisée par le cinéaste Sergueï Eisenstein dans son film Le Cuirassé Potemkine : celle du landau dévalant l’escalier.

         Les Juifs comprennent à partir de cette période que même s’ils répondent aux ordres d’émancipation voire d’assimilation des gouvernements successifs, ils demeurent les boucs émissaires privilégiés quand il s’agit de trouver des responsables à une politique désastreuse. Or, la Russie ne cesse d’être confrontée à des problèmes économiques majeurs en cette fin de siècle puis en 1904 précisément, en raison de la guerre entre la Russie et le Japon.

 

          Les comités et associations en tous genres se transforment alors en laboratoires d’idées principalement préoccupés du sort toujours plus dramatique des Juifs de l’Empire et de la réponse à donner aux violences récurrentes dont ils sont les victimes depuis les années 1880.

               C’est en fait à Odessa que les premiers mots de la parole sioniste commencent à être épelés par des intellectuels comme Léon Pinsker qui publie une brochure intitulée Auto-émancipation où pour la première fois apparaît la notion d’une entité territoriale juive autonome. Les activistes de ce courant « proto-sioniste » sont incarnés par l’érudit Joseph Klausner, le grand-oncle de l’écrivain israélien Amos Oz mais aussi par Vladimir Jabotinsky qui après avoir participé à la création de groupes d’auto-défense à Odessa crée le mouvement des « sionistes révisionnistes ».

                Plusieurs voies s’ouvrent devant les Juifs d’Odessa qui choisissent l’émigration comme ultime réponse à la politique discriminatoire de l’État tsariste mais celle de l’Amérique du Nord est la plus large.

Dans les années 1880 jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, période où les vagues migratoires en provenance de l’Empire russe s’intensifient, la Palestine et les pays européens comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne sont, en effet, des destinations plus marginales qui servent plutôt d’étapes, de terres de passage sur le chemin de l’Amérique.

                 Les Juifs d’Europe orientale qui s’arrêtent définitivement à Paris donnent naissance au Pletzl – terme yiddish signifiant « petite place ». A Londres, ils se regroupent dans l’East End et à Berlin dans le quartier Charlottenburg.

                Nous repartirons plus particulièrement sur les traces de ces exilés qui choisissent Paris comme nouveau port d’attache.

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