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La destruction des Juifs d'URSS

« Portrait littéraire : Ilya Ehrenbourg »

Par Ada Shlaen

De nos jours le nom de l’écrivain russe Ilya Ehrenbourg (1891-1967) qui vécut de nombreuses années en France, n’est pas très connu dans sa patrie d’adoption. D’ailleurs en Russie même, ses livres sont pratiquement introuvables dans des librairies, subissant une sorte de purgatoire. Néanmoins j’ai remarqué que depuis peu, son nom est plus fréquemment cité par des critiques et j’ose espérer que l’année prochaine, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, il va retrouver une certaine popularité auprès des lecteurs. Pourtant cette personnalité, très ambiguë au demeurant, gagne à être mieux connue, surtout pour des lecteurs intéressés par l’histoire moderne des Juifs.

Ilya Ehrenbourg est né en 1891 à Kiev dans une famille juive assez prospère, pour cette raison elle résidait dans une grande ville et non pas dans la zone de résidence[1].Cette famille est un bon exemple d’assimilation et d’acculturation des Juifs russes, appartenant à la classe moyenne. Ainsi ses grands-parents étaient croyants, respectueux des traditions. Son père rompit avec son milieu d’origine, devint ingénieur, ne fréquentait plus la synagogue, mais se reconnaissait en tant que Juif et blâmait sévèrement ses coreligionnaires qui se convertissaient à la foi orthodoxe pour améliorer leur situation dans la société. Sa mère, qui avait fait de bonnes études, était plus attentive aux traditions juives, passant souvent le shabbat chez ses parents. On peut supposer que grâce à elle, le futur écrivain garda un certain

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attachement pour la langue yiddish et pour les habitudes familiales. Lorsqu’il eut cinq ans, la famille déménagea pour Moscou où le père du futur écrivain occupa le poste de directeur d’une brasserie prospère. Grâce à ses bons résultats scolaires le jeune Ilya put intégrer, malgré le numerus clausus, un lycée prestigieux de la ville, mais déjà adolescent eut à supporter des remarques antisémites de ses condisciples. Il en parlera dans plusieurs de ses œuvres, surtout dans son autobiographie, écrite dans les années 60. Après la révolution de 1905, qualifiée par Léon Trotski de « répétition générale », une partie de la jeunesse russe, dont de nombreux Juifs, devint très frondeuse. En 1907 à 16 ans Ilya Ehrenbourg avec son condisciple Nicolas Boukharine, âgé alors de 15 ans (le futur chef bolchévique, celui que Lénine évoqua dans son « Testament » en 1922 par ces mots : « Boukharine n’est pas seulement un théoricien des plus marquants et de très haute valeur ; il jouit à bon droit de l’affection du parti tout entier » et qui malheureusement deviendra en 1937 la victime principale d’un procès truqué et inique !) se rapprochèrent des bolchéviques, ce qui leur vaudra une arrestation et huit mois de prison. Ilya Ehrenbourg fut libéré en 1908 sous caution et remis sous l’autorité parentale, car il n’était même pas majeur.

Le texte complet d'Ada Shlaen est consultable  ici  sur M@batim

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