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Jacob Sméliansky

Odessa (Russie) 1884 – Kaunas (Lituanie) 1944

par Catherine Madillac 

Jacob Smeliansky .jpg

source : SHD- Caen 21 P 539 671

       Jacob Sméliansky est né le 24 septembre 1884 à Odessa (Russie), fils de Meyer Sméliansky et de Esther Teper, son épouse. La fratrie se compose d’un frère, Léon et d’une sœur Marie, tous deux nés à Odessa et donnés comme musiciens.

 

       Nous ne connaissons rien de la vie à Odessa de Jacob Sméliansky mais son dossier de naturalisation[1] nous apprend qu’il a effectué un an de service militaire en Russie. Il arrive en France en décembre 1910. A cette date il est marié avec Malka Toultchinski, née à Seraki, en Bessarabie le 5 juillet 1884.

 

       Le couple réside à Paris jusqu’en 1914, pendant cette période Jacob Sméliansky entame des études de médecine. Dans sa demande de naturalisation il précise qu’au début de la Grande Guerre il n’a pas été retenu par le conseil de révision parce que de santé fragile. En fait, il ne pouvait, en tant qu’étranger être appelé au service militaire. En revanche peut-être a-t-il voulu, à l’instar de beaucoup d’étrangers s’engager dans la Légion étrangère. Est-ce au terme de cette démarche que le conseil de révision l’a déclaré exempté ?

 

       Néanmoins, nous le retrouvons à l’hôpital militaire de Nîmes où pendant quelques mois il prodigue des soins aux blessés.

 

       De source sûre, nous savons qu’il poursuit ses études à la faculté de médecine de Montpellier d’avril 1915 à juin 1916, aux termes desquelles il obtient un « doctorat d’université » avec comme sujet de thèse « fractures récentes et transversales de la rotule et leur traitement par le procédé de Vallas »[2].

 

       Ce diplôme, réservé aux seuls étrangers ne permettait pas d’exercer la médecine, néanmoins, Jacob Sméliansky est mandaté pour servir comme médecin administratif dans le canton de Quissac (Gard). Il assume les mêmes fonctions dans les cantons de Pélussin et de Saint-Héand (Loire) de 1916 à 1920. A cette même date, le couple s’installe à Tunis (Tunisie), au 47 de la rue de Marseille, nous ignorons tout de leur vie sur place. C’est de cette ville qu’il sollicite en décembre 1922, une demande de naturalisation, qu’il obtiendra ainsi que son épouse le 13 décembre 1923.

 

       Nous retrouvons le Docteur Sméliansky (il a obtenu sa thèse officielle en 1924) en France en 1928. Il demeure et exerce jusqu’en 1932 dans le 18e arrondissement de Paris puis, dans le 16e arrondissement où il réside mais ne reçoit pas de patients. Dans l’annuaire[3] répertoriant tous les praticiens on apprend également qu’il exerce l’été à Vittel (Vosges).

Docteur Smeliansky

Source : Grand Orient de France

       Sa vie d’avant-guerre nous est inconnue sauf son entrée en Maçonnerie. Le 1er décembre 1932 il est initié à la loge parisienne n°40 Georges Martin  de l’Obédience mixte le Droit Humain. Il est élevé Compagnon le 19 février 1934 puis Maître le 30 mars 1935. 

 

       Le 18 avril 1934 et tout en restant membre du Droit Humain, il s’affilie au Grand Orient de France, à la loge Étoile polaire. Il y présente deux planches[4] : l’une, le 3 avril 1935 La race et les méthodes gouvernementales et l’autre, le 2 décembre 1936 Impressions de mon voyage en Palestine.

 

       Ce qui corrobore l’information trouvée dans un numéro du journal L’Univers israélite, du 15 mai 1936 : « au congrès des médecins juifs ayant eu lieu le 23 avril 1936 à Tel-Aviv, le Docteur Sméliansky a fait des conférences dans le pays sur les Eaux de Vittel. »

 

       Il planche également dans son obédience d’origine, le Droit Humain, le 16 mars 1936 sur L’œuvre scientifique de Claude Bernard en face de la science de son époque ainsi que le 7 janvier 1937 : sa planche est alors intitulée Mon voyage en Palestine (sans doute le même travail que celui présenté dans sa loge du Grand Orient).

 

       Sa vie privée (a-t-il eu des activités associatives ou autres ?) nous est inconnue. Nous savons juste que le couple n’a pas eu d’enfants.

     1940 : la guerre puis l’Occupation. Jacob Sméliansky se fait-il recenser ? Porte-t-il l’étoile jaune ? Quant à son épouse, Malka, nous ignorons si elle était juive. Le dossier de naturalisation comporte une pièce précisant que, par décret du 16 août 1941, le Docteur Sméliansky ne peut plus exercer la médecine. Est-ce à ce moment qu’ils partent en province ?

 

     Nous retrouvons le couple installé à Senez[5] (Basses-Alpes). Ils venaient de Nice où sans doute inquiets de la présence des Allemands qui, désormais, remplacent les troupes italiennes, ils fuient de nouveau et trouvent refuge dans cette petite localité des Basses-Alpes. Le 25 mars 1944, avertis de l’imminence d’une rafle, ils s’apprêtent à partir de nouveau lorsqu’ils sont arrêtés. Ils sont emmenés à la prison de Digne où Malka est libérée. Quant à Jacob il reste détenu jusqu’au 8 avril, date à laquelle il est transféré au camp de Drancy. Il est déporté le 15 mai 1944, par le convoi n° 73 vers le camp de Kaunas (Lituanie). Nous ne savons pas exactement quand il a été assassiné mais son décès officiel est déclaré à la date du 20 mai 1944.

 

      Catherine Madillac (septembre 2023)

         

 

[1]    Archives nationales, BB/11 7698 X 22.

[2]    Bibliothèque université de Paris, département d’histoire de la santé.

[3]    Annuaire Rosenvald.

[4]    Planche, nom donné à une conférence présentée par un franc-maçon dans son atelier.

[5]    Service historique de la Défense-Caen, 21 P 539 671.

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