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Christophe Boltanski

Le 11 octobre 2018, les Amis d'Odessa ont reçu l'écrivain Christophe Boltanski pour évoquer son ouvrage "La cache" (prix Femina 2015) et ses racines juives odessites.

 

Odessa est le cœur palpitant de ce livre : « un lieu imaginaire, un fantasme, qui se rattache aux récits ou plutôt aux légendes sur mes arrière-grands-parents. »  

 

C’est l’histoire d’une famille qui prend sa source à Odessa à la fin du XIXe siècle et court jusqu’aux années 1990 : une saga bien réelle, peuplée d’« originaux » et tissée de légendes dont l’arrivée romanesque de l’aïeule Nania à Paris, quittant précipitamment Odessa avec son samovar pour unique bagage dans la ferme intention de retrouver son petit ami ; une épopée qui tient lieu de miroir de la spécificité juive odessite, perceptible par-delà les frontières des générations qui se succèdent.

La Cache est une expression personnelle et éclairante de ses différences et de son originalité : on y lit l’histoire, les légendes, les chimères et les transmissions désordonnées.

 

Une identité juive odessite se dessine au fil des pages dans laquelle se reconnaîtront – on peut en faire l’expérience – d’autres descendants d’exilés juifs odessites. Il est vrai que l’on distingue dans cette quête des origines qui a pris la forme d’un roman un certain nombre de coutumes, de rites, d’objets et autres signes particuliers communs qui savent réveiller un même sentiment d’appartenance.

 

L’Odessite est un peu russe avec ses images de steppes, de traîneaux glissant sur la neige et son samovar, « totem de la tribu » ; un peu juif avec ses gâteaux au pavot de chez Finkelsztajn ou le pastrami de chez Goldenberg ; un peu artiste avec son amour inconditionnel et son entière dévotion à la musique ; un humoriste patenté – « Pour les Odessites, plaisanter, c’est comme respirer » – ; un peu méditerranéen pour son hédonisme mais aussi son goût de l’emphase, du travestissement et du mélodrame.

L'identité juive odessite est, pour bon nombre de ses descendants, une identité très présente auréolée d'une fierté d'appartenance mais aussi une identité blessée , amputée, morcelée, enfin, selon la formule de l'auteur, une identité "bric-à-brac".

Que reste-t-il de nos aïeux odessites ? Un esprit, une façon d'être au monde ? Qui sont-ils ? Peut-être de simples revenants, taquins et opiniâtres, préoccupés surtout de venir frapper à la porte de nos origines...

Isabelle Némirovski (octobre 2018)

« Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes.  De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. Cette appréhension, ma famille me l'a transmise très tôt, presque à la naissance. » 

 

Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d'une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l'héritage de la peur, mais aussi de l'excentricité, du talent et de la liberté bohème ?  Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre qui aurait pu tout engloutir ? 

 

La Cache est le roman-vrai des Boltanski, une plongée dans les arcanes de la création, une éducation insolite « Rue-de-Grenelle »,  de la Seconde Guerre mondiale à aujourd'hui.  Et la révélation d'un auteur.

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