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Photo du rédacteurIsabelle

jeudi 6 juin 2024 : visioconférence avec Francis Conte : « Humour juif et esprit d’Odessa »

Dans une brève introduction historique, nous évoquerons les débuts de l’humour dessiné en Europe orientale. L’humour et le rire ont effectivement des racines très anciennes au nord de la mer Noire, et certains en ont déduit une véritable « archéologie de l’humour » (A. Mitchell). C’est ainsi que la civilisation de Tripol’é/Tripolia (VI°-III° millénaires avant notre ère) nous a légué une stèle fort rare. Hors contexte, elle a pu néanmoins revivre à notre époque, lors d’une découverte due aux miracles de l’archéologie contemporaine : on y trouve, gravé sur une stèle, le visage d’un homme au rire « sardonique ».

Ce sera notre premier exemple d’humour visuel.




Le second exemple nous vient de la Grèce antique : elle nous offre la caricature d’un sophiste ambulant, peint sur une petite cruche à vin … qu’il devait apprécier. Il se présente nu, doté d’une « grosse tête », ce qui ridiculise ses déclamations visiblement nsupportables (460-440 avant notre ère).


Le troisième exemple critique nous dirige vers l’humour du politique comme vers celui du quotidien. Il est dû à Mikhaïl Linski (Moshé Shlezinger) qui nous propose une caricature des « Modes soviétiques ». En quatre tableaux, elles vont de la jeune et élégante tchékiste, à la tenue « slim fit » du malheureux citoyen soviétique de 1920, en passant par deux dandys – le marin aux « pattes d’éph." et le responsable soviétique au costume du soir quelque peu britannique.

A des siècles de distance, ces œuvres étaient donc destinées à déclencher le rire - ce « rictus qui court jusqu’aux oreilles » comme le dit plaisamment Baudelaire.

Et si le rite est bien le « propre de l’homme » (Aristote) nous essaierons de décrypter son mécanisme, avant de le vérifier grâce à nos caricaturistes réfugiés à Paris.    

Ces trois œuvres étaient destinées à déclencher le rire - ce « rictus qui court jusqu’aux oreilles » nous dit en s’amusant Baudelaire. Nous dirons alors quelques mots sur le mécanisme du rire qui est bien le « propre de l’homme » dont nous parle Aristote. Nous le vérifierons avec les caricaturistes odessites qui se sont réfugiés à Paris après la révolution bolchevique.

Ils ont alors constitué un groupe spécifique dans lequel figure Mikhaïl Linski (Moshé Shlezinger). Celui-ci nous propose, par exemple, une caricature de « La mode soviétique », qui va de la jeune et élégante tchékiste à la tenue « slim fit » du malheureux citoyen soviétique de 1920.


Pour situer ces créateurs dans leur contexte, nous aborderons d’abord les histoires drôles (et moins drôles), qui sont le plus souvent racontées de façon anonyme ; nous en distinguerons notre groupe de caricaturistes qui ont repris, à leur façon, une vision du monde, des thématiques, et surtout une forme d’esprit ironique qui dérive de la réalité odessite.

Face à l’humour raconté, nous réserverons donc une part significative à l’humour dessiné par ces artistes. Nous le ferons d’autant plus volontiers qu’ils sont presque tombés dans l’oubli en Occident. Ce fut aussi le cas en Russie et en Ukraine soviétiques, pour des raisons idéologiques qui restèrent largement dominantes jusqu’à l’effondrement de l’URS en 1991. L’œuvre de ces émigrés dévoile en effet un anti-bolchévisme conséquent, qui passe aisément du regard facétieux à une exécution implacable. Mikhaïl Linski se retrouvera en compagnie de deux autres caricaturistes émigrés - Mikhaïl (Moshé) Drizo et David Widhopf, un trio qui a renouvelé brillamment l’adage antique : « Je châtie les mœurs en riant » (Castigat ridendo mores).

Francis Conte est Professeur émérite à l'Université Paris-Sorbonne (titulaire de la chaire de civilisation russe et soviétique) et membre du Comité de direction du MuCEM (Marseille).

Notre rencontre aura lieu en visioconférence.

Il vous suffira de cliquer sur le lien suivant le jeudi 6 juin 2024 à 19h45 pour vous connecter :

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